La compagnie des tombes, fin

Le tribunal administratif vient de  trancher, le 17 juillet, en  faveur de Leïla et Naja : l’OQTF (obligation de quitter le territoire français) est annulée.

Pendant ces derniers jours  d’attente, interminables, elles ont  lu plusieurs fois les commentaires au premier billet : la solidarité  qui s’y manifeste  les  rassurait.

Heureusement, elles  avaient déjà reçu une première bonne nouvelle, dès le 6 juillet : elles ont toutes les deux obtenu leur bac au premier tour  et pourront s’inscrire en BTS.

Elles sont déjà retournées à la préfecture pour  constituer, de nouveau,  un dossier de demande de régularisation. En attendant le traitement définitif de cette demande (ce qui peut prendre du temps, mais on ne voit pas comment la préfecture pourrait aller à l’encontre la décision du tribunal administratif), on leur a donné un récépissé qui leur permet de circuler légalement  en France.

Parmi les vertus qui doivent être celles des sans-papiers, il y a la persévérance : supporter les attentes, accomplir de nouveau  les mêmes  formalités, refaire les dossiers, empiler les photocopies : c’est tout un travail de très lente sédimentation qui doit s’effectuer.

Avec ce récépissé, elles pourront donc prendre un peu de vacances, aller voir leur autre tante qui habite dans le midi : depuis quatre ans, elles n’avaient jamais osé prendre le train, les contrôles d’identité étant particulièrement fréquents – et légaux – dans les gares. On avait beau leur dire qu’étant donné qu’elles étaient des jeunes filles, et joliment habillées,  le risque était minime, la peur est un affect  irrationnel.

Et dans quelques mois, dès qu’elles auront des titres de séjour, elles pourront aller en Algérie se recueillir sur les tombes de leurs parents et de leurs frères, comme elles le souhaitent depuis longtemps.

Elles ne veulent toujours pas qu’on fasse état de leur vrai prénom, ni qu’on les photographie: plus par peur, mais par pudeur et discrétion. Ce désir  d’anonymat est peut-être aussi pour elles un vœu d’éloignement  de ces quatre dernières années.

Dès que possible, elles  veulent envisager la dernière étape : une demande de naturalisation. Il leur faudra encore beaucoup de patience.

Quant aux professeurs (et aux militants), ils vont devoir lutter, devant l’ampleur de la tâche encore à accomplir, contre la tentation de la résignation, ce qui sera d’autant plus difficile que le discours dominant sera  celui du « réalisme » .

Catherine Henri

2 commentaires sur “La compagnie des tombes, fin

  1. Il faut savoir reconnaître un succès. La régularisation de Leila et Naja est une belle victoire et un encouragement.
    On ne peut que leur souhaiter bon courage et la réussite de leurs études.

    rudolf bkouche

  2. La problématique des sans papier ne cesse de faire débat. Je suis ravie de savoir que ces 2 filles ai obtenu gain de cause. Un autre débat me faire réagir est l’accès au soin des sans papier. En effet ils ne peuvent pas souscrire à une mutuelle santé, cela doit les freiner a se rendre chez le médecin. Quel dommage !

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