« Les enfants appartiennent à l’Etat »: démenti formel de la sénatrice Laurence Rossignol

«Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. Ils appartiennent à l’Etat ». Sur les réseaux sociaux et sur les sites des groupes menant actuellement la campagne contre ce qu’ils appellent la «théorie du genre», cette phrase est prêtée à la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, qui l’aurait prononcée dans l’émission Ce soir ou jamais, de Frédéric Taddei, sur France 2, le 5 avril 2013. « Falsification , mensonge et manipulation», répond la sénatrice dans un communiqué rendu public mardi 28 janvier.

On pouvait s’attendre à ce démenti formel. Autant la première partie de la phrase est vraisemblable, et n’a strictement rien de choquant – aucun être humain n’étant en effet la propriété de personne – autant la deuxième partie n’est pas plausible. La première partie a bien été prononcée, dans le contexte des propos échangés dans cette émission. Celle-ci n’étant pas accessible sur le site de France 2, le seul moyen de le vérifier totalement est de consulter les archives de l’INA. Ce que nous indiqué avoir fait Laurence Rossignol avec son équipe afin de disposer du script du passage incriminé. L.C.

Voici le texte intégral du communiqué:

« Les enfants appartiennent à l’Etat » : falsification, mensonge et manipulation

Pour  alimenter une campagne obscurantiste contre l’enseignement de l’égalité filles / garçons à l’école, plusieurs réseaux et leurs porte-paroles*  n’hésitent  pas à propager que selon Laurence Rossignol « Les enfants appartiennent à l’Etat ». Il est ainsi insinué que je nierais  tous droits à la famille.

Sur certaines pages web, mon nom et cette phrase sont accompagnés d’une photo d’Hitler ou de Staline.

Je n’ai jamais, ni dans l’émission « Ce soir ou jamais » du  5 avril 2013, ni en aucune autre circonstance, tenu de tels propos.

Cette citation est une falsification et une manipulation comme l’est la campagne d’opinion menée contre le soi-disant enseignement de la théorie du genre qu’elle est censée illustrer.

Le mensonge est au service du mensonge.

Je poursuivrai donc en diffamation les médias, organisations ou les auteurs qui publieront cette phrase ou continueront de la publier en me l’attribuant.

* Civitas, Egalité et Réconciliation d’Alain Soral, Journée de Retrait de l’Ecole, Farida Belghoul etc.

Laurence Rossignol

Sénatrice de l’Oise

Porte parole du Parti Socialiste

 

23 commentaires sur “« Les enfants appartiennent à l’Etat »: démenti formel de la sénatrice Laurence Rossignol

  1. Il y a actuellement une offensive contre l’école menée par des mouvements d’extrême droite. Ce n’est pas nouveau, la notion d’école laïque n’ayant jamais été acceptée par la tradition sur laquelle s’appuie ces mouvements. Rien de neuf, si ce n’est qu’ils profitent de la dégradation de l’école,elle bien réelle, pour avancer leurs pions.
    Il y a un enjeu important de défense de l’école, ce qui demande de la rigueur dans la défense de l’école.

  2. « Vos enfants ne vous appartiennent pas »… dans mon souvenir, j’attribuais ce vers à un poète turc nommé Nazim Hikmet, mais après l’avoir googlé, l’ordinateur m’a renvoyé vers Khalil Gibran (lui est libanais) qui reprend la même idée dans un recueil de poèmes intitulé « Le Prophète » et dont voici un extrait :
    « Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
    Parlez-nous des Enfants.
    Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.
    Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,
    Ils viennent à travers vous mais non de vous.
    Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas… »

    1. oui…. Enfin… Rappel à la réalité: C’est pas « l’appel à la vie  » qui leur torche le cul et en prend pour 25 ans.

      Les français adorent justifier des prises de positions purement personnelles en les travestissant sous des grands raisonnements abstraits qui les mettent néanmoins régulièrement dans la mouise en nous mettant à 2 doigts de la guerre civile. Quand ces idées générales deviennent une opinion publique le français touche à l’orgasme intellectuel. C’est pour cela que chez nous les acteurs ou les footballeurs sont intérrogés sur leurs sujets de compétence comme le chômage et la politique d’immigration. D’autres peuples (allemands, anglais, ) n’ont pas ce travers et on s’étonne ensuite que la Démocratie Française ne fonctionne pas comme les autres et qu’il soit impossible de réformer quoi que ce soit dans ce pays. Notez bien que cela n’empêchent pas d’ailleurs les dits acteurs de devenir président de certaines puissances mondiales. Mais une fois seulement après qu’ils ont fait leur preuves dans d’autres secteurs…

      Chez nous même le Président de la république n’a piloté que son téléphone dans la vie. Mais il a des idées et un avis sur tout; et c’est ça qui est important.

      Par exemple : l’urgence aujourd’hui c’est pas un débat avec les enfants sur la théorie du genre mais bien de savoir si les dits enfants, garçons et filles, confondus, auront un boulot ou bien vivront philosophiquelent de ‘ »grands principes » en bossant pour les chionois et en nous maudissant jour après jour…

  3. « le soi-disant enseignement de la théorie du genre qu’elle est censée illustrer »
    Dire que la théorie du genre n’est pas enseignée est faux, il faudrait l’assumer, sinon forcément comment blâmer que des parents se mettent à tout mettre en doute. son enseignement à commencé avant même que cette majorité n’arrive au pouvoir.
    Que des rumeurs et falsifications se greffent c’est aussi un sujet, Laurence Rossignol fait bien de contester si tel est le cas, elle aurait même dû le faire encore plus tôt.

    Ce type de paragraphe correspond bien à la théorie du genre, ce qui montre qu’elle est enseignée: « L’identité sexuelle est le fait de se sentir totalement homme ou femme. Et ce n’est pas si simple que cela peut en avoir l’air ! Cette identité dépend d’une part du genre conféré à la naissance (voire avant du fait du recours à l’échographie), d’autre part du conditionnement social » Manuel SVT, Physique, Chimie, 1ère L – ES, Claude Lizeaux, Denis Baude, Bordas, 2011
    Source: http://www.paris.catholique.fr/-la-theorie-du-genre-.html

    1. On voit mal en quoi le passage que vous citez relèverez d’une quelconque « théorie du genre ». C’est une remarque de simple bon sens.

      1. « du genre conféré à la naissance »: conféré par qui? ce passage implique que quelqu’un décide que le nouveau né est un garçon ou une fille. Quant au conditionnement social, on parle sans doute du fait que l’on considère a priori quelqu’un qui a des testicules comme un garçon? Quel préjugé horrible, en effet…

  4. « Les enfants n’appartiennent ni à leurs parents, ni à la société, ils s’appartiennent à eux-mêmes et à leur future liberté. » Bakounine dans son catéchisme révolutionnaire (1865)
    Et pourtant …….

  5. De nombreux parents sont incapables, ne serait-ce que de faire en sorte de coucher leurs enfants de moins de dix ans avant dix heures du soir. Comment voulez-vous que le lendemain ces petits apprennent dans de bonnes conditions ? Le gouvernement ferait bien de se pencher sur cette question, il est vrai très délicate politiquement.

  6. nos enfants nous appartiennent pas ?? ah bon, alors la France est un pays communiste pour l’éducation,et la laïcité est égale a la théorie du genre =le bonobo

    1. Avant de réagir au quart de tour il faut quand même s’informer un minimum.
      La polémique est parti d’un twitos qui suivait l’émission de Taddeï où s’exprimait la sénatrice Rossignol. Elle a déclaré stricto sensu : « Les enfants n’ appartiennent pas à leurs parents » puis a évoqué le rôle éducatif de la société, de l’école etc… Le twitos a repris la phrase : « Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents. » … et a ajouté hors guillemets, de son propre chef : « Ils appartiennent à l’Etat ! »
      Il a suffi à ceux qui ont lu le twit un peu trop vite d’ignorer le point et les guillemets pour déclencher une énième polémique dont on se serait bien passé !
      Cet épisode affligeant est très bien analysé sur le site d’Arrêt sur images dans un « Vite-dit », rédigé par Sébastien Rochat, accessible aux non-abonnés :
      http://www.arretsurimages.net/breves/2014-01-30/Les-enfants-appartiennent-a-l-Etat-la-fausse-citation-d-une-senatrice-id16825

  7. Et pendant ce temps :
    modification du code électoral touchant les communes de plus de 1000 habitants au profit du Conseil communautaire, c’est-à-dire suppression des libertés communales.
    L’avenir est radieux.

  8. Elle a quand même dit que LES ENFANTS N’APPARTIENNENT PAS A LEURS PARENTS.
    C’est pratique si on veut s’occuper des enfants des autres sans l’accord de leurs parents.

    1. Vous faites exprès de ne pas comprendre ou bien ?

      Cette phrase n’a rien de scandaleux même si elle peut ouvrir un débat, en aucun cas ça ne vaut tout ce cirque polémique et de mauvaise foi, comme si elle avait proféré une énormité scandaleuse !
      En outre, Guy Morel a raison ci-dessus quand il suggère qu’il y a des questions et des problèmes plus cruciaux à traiter, celui qu’il évoque ou d’autres.

  9. Pour une certaine tradition antirépublicaine, les enfants appartiennent à leurs parents à condition que leurs parents soient « comme il faut ». On demande à l’école d’enseigner le « comme il faut » et dès que cela dépasse le « comme il faut » on invente des rumeurs pour faire peur.
    Que l’on puisse mener des enfants à devenir des adultes autonomes capables de penser semble toujours subversif à ceux qui n’ont pas confiance à l’homme, alors on propose le catéchisme, pour les uns c’est la défense des traditions, en particulier les religieuses, pour les autres c’est l’école dite citoyenne, qu’importe, pourvu que les élèves pensent « comme il faut ». On comprend que ces ennemis de la pensée se méfient de l’instruction.

  10. Le pédagogue :

    L’enfant n’appartient ni au père, ni à la mère.
    Il est créé pour accomplir ce pourquoi il est dans l’Univers.
    Les parents ont une responsabilité dans ce qu’ils lui transmettent.

  11. « On comprend que ces ennemis de la pensée se méfient de l’instruction. »
    ****************
    Ah… que c’est beau et profond Rudolf ! On croirait du Finkielkraut !
    :-)))

    1. Rien à voir avec Finkielkraut. Pour AF l’école doit donner des valeurs, c’est-à-dire qu’elle ne se borne pas à l’instruction.
      La question de l’école, c’est d’amener les élèves à l’autonomie, y compris de pensée. Mais c’est bien cela qui gêne.
      Et c’est à chacun d’inventer ce qu’il est dans l’Univers.

  12. ARTHENICE
    Messieurs, daignez répondre à notre question ; vous allez faire des règlements pour la république, n’y travaillerons-nous pas de concert ? A quoi nous destinez-vous là-dessus ?
    HERMOCRATE
    A rien, comme à l’ordinaire.
    UN AUTRE HOMME
    C’est-à-dire à vous marier quand vous serez filles, à obéir à vos maris quand vous serez femmes, et à veiller sur votre maison :on ne saurait vous ôter cela, c’est votre lot.
    (….)
    ARTHENICE
    (…) Nous voulons nous mêler de tout, être associées à tout, exercer avec vous tous les emplois, ceux de finance, de judicature et d’épée.
    HERMOCRATE
    D’épée, Madame ?
    ARTHENICE
    Oui, d’épée, monsieur ; sachez que jusqu’ici nous n’avons été poltronnes que par éducation.

    Marivaux, (La Colonie scène 13) aurait donc été l’un des dangereux inventeurs de la « théorie du genre ». Avec bien d’autres, dont Laclos, Georges Sand, bien avant la sulfureuse Simone.
    Les professeurs de lettres qui étudient ces textes avec leurs élèves seraient donc de tout aussi dangereux destructeurs de la famille.
    Il ne serait que trop temps de faire un peu de ménage dans les programmes et de mettre certains écrivains à l’index.

  13. Les mots ont en effet été choisis soit pour attirer soit par maladresse.

    Malgré l’ingérence notoire dans les affaires privées et familiales, nous sommes en droit de nous interroger sur la chose suivante : est-ce que les parents/citoyens savent ce qui est bon pour eux et si non, n’est-ce pas à l’Etat de faire en sorte que les inégalités soient le plus effacées dans la mesure du possible?

    Au risquer de déplaire, en tant qu’enseignant et très modestement, j’aime à croire que les gens ne savent pas nécessairement toujours ce qui est bon pour eux. Je pense à des choses très concrètes dans mon travail comme les nouvelles approches pédagogiques. Les élèves et les parents ont une certaine représentation de l’école et tout écart à leur schéma crée des résistances et pourtant selon les études les plus récentes, il est temps d’enseigner différemment ou plutôt créer des situations d’apprentissage afin que l’apprenant-e apprenne (approche constructivistes ou socio-constructiviste, enseignement orienté problème, réalisation de projet, etc).

    Il reste à savoir ce que Laurence Roussignol entendait pas ces mots. Lance-t-elle un pavé dans la marre pour polémiquer ou croit-elle qu’il est venu le temps du changement et de l’innovation pédagique.

  14. je pense que ce débat est du essentiellement à des maladresses de communication et à certaines erreurs très minoritaires dans des établissements

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