Education sexuelle et théorie du genre (1) Polémique de mai ne s’éteint pas en été

Psyché ranimée par le baiser de l'amour - Antonio Canova - 1793

Une fois rédigé, un article de journal reste une chose fragile dont la publication n’est jamais garantie et dont le destin, pour des raisons techniques, peut basculer au moindre vent. Heureusement, la blogosphère est parfois un refuge contre l’accumulation des malchances.

Comme je l’avais fait au sujet des mutations, je dois donc me résoudre à auto-publier ici, en les remaniant par endroits, un petit ensemble d’articles initialement conçus, il y a quelques semaines, pour le quotidien.

Leur sujet est l’éducation à la sexualité et leur « accroche » est la polémique sur la « théorie du genre » dans les nouveaux programmes de Sciences de la vie et de la Terre (SVT).

Au lieu de s’évanouir à la faveur des vacances, comme on s’y attendait, cette polémique s’est poursuivie en juillet et a même trouvé des relais politiques auprès de certains parlementaires UMP.

Dimension idéologique

Rappelons son point de départ : fin mai, le secrétariat général de l’enseignement catholique s’émeut de la « dimension idéologique » des nouveaux programmes de sciences de la vie et de la Terre (SVT).

Ce souci, d’abord manifesté dans un courrier destiné aux responsables d’établissements scolaires catholiques,  les invitant à prendre ces programmes avec « discernement » n’était pas a priori destiné à prendre une forme publique.

Les nouveaux programmes en question doivent entrer en vigueur en septembre 2011 dans les classes de première L et ES. Mais ils sont déjà parus depuis un an, au JO du 28 août 2010, après avoir fait l’objet d’une procédure d’élaboration et d’adoption au cours de laquelle aucune polémique n’avait éclaté.

Qui dit nouveaux programmes dit nouveaux manuels. Les programmes ont valeur de loi, les manuels sont des productions éditoriales privées, réalisées en fonction des programmes mais en les interprétant.

Les professeurs, quant à eux, sont libres de les choisir, puis de les utiliser ou non. A la liberté éditoriale succède ainsi la liberté pédagogique.

Dans le cas présent, certains protestataires vont viser les programmes, d’autres les manuels, moins contraints dans leur expression, plus typés selon les auteurs et les maisons d’édition. Donc plus propices à donner prise à qui cherche la controverse.

Et les programmes scolaires, comme l’illustrait une autre polémique lancée l’été dernier sur l’enseignement de l’histoire, sont un immense gisement de controverses.

Neutralité républicaine

Intitulé « Devenir homme ou femme », un chapitre des programmes de SVT « privilégie le genre considéré comme une pure construction sociale, sur la différence sexuelle », expliquait en juin au Monde Claude Berruer, adjoint au secrétaire général de l’enseignement catholique.

« Nous voulions ouvrir le débat en interne, y compris avec nos lycéens, sur un sujet qui fait débat, certainement pas lancer une croisade », se défendait-il.

Pourtant, en quelques jours, ces critiques avaient déjà pris une ampleur que M. Berruer disait « regretter un peu ». Elles ont en effet été relayées par Christine Boutin, présidente du parti chrétien-démocrate, par la Confédération nationale des Associations familiales catholiques, puis, sur un ton plus virulent, par différents sites Internet.

Signé du professeur Jean-François Mattéi (pas le médecin et ex-parlementaire UDF mais son homonyme le professeur de philosophie politique), membre de l’Institut universitaire de France, un des textes les plus durs affirme que la prise en compte de la théorie du genre revient à « destituer l’homme de son humanité »

La pétition Internet des Associations familiales catholiques, intitulée « Défendons la liberté de conscience à l’école » compte début août « plus de 25 600 signatures ».

Par ailleurs, un « collectif » de professeurs, s’affirmant hors de toute motivation religieuse, a mis en ligne une autre pétition pour « la neutralité de l’école républicaine » qui réclame  l’interdiction des nouveaux manuels de SVT édités par Bordas, Hachette et Hatier.

Cette pétition, affiche début août plus de 36 000 signatures. Elle est incluse dans un site Internet dénommé « l’Ecole déboussolée ».

Techniques de « buzz »

Se présentant comme « professeurs des Sciences de la Vie et de la Terre de lycées publics », les deux personnes à l’initiative de cette pétition et de ce site signent Katia Lévy et Matthias Dourdessoule.

Des noms et prénoms « modifiés, expliquent-ils, afin d’éviter les menaces de révocations de notre hiérarchie sur notre prise de position contre notre ministre de tutelle. »

Une justification qui, cependant, laisse perplexe, le site ne contenant aucun appel formel à ne pas appliquer les programmes ou à désobéir aux exigences de l’Education nationale.

Ce site est habilement composé et représentatif des techniques en vogue en matière de création de buzz.

Destinée à soigner le caractère « apolitique » de la démarche, une rubrique intitulée « L’école qu’ils ont connue » présente des extraits vidéo où Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen, mais aussi Arlette Laguiller, François Bayrou, Dominique Voynet et Marie-Georges Buffet s’attendrissent sur leurs souvenirs scolaires.

Les soi-disant « perles » des manuels

Un autre extrait vidéo montre le sociologue Jean-Pierre Le Goff qui, selon un discours très prisé par une certaine gauche, déplore que l’école « implose » sous l’accumulation des missions supplémentaires, au nombre desquelles la lutte contre l’alcoolisme et… l’éducation sexuelle.

Malgré ces efforts de pluralisme, les auteurs du site laissent percer leurs conceptions en matière de morale sexuelle dans une rubrique où ils prétendent relever « les perles des nouveaux manuels de SVT ».

En fait de perles, ils offrent à l’indignation de leurs lecteurs des phrases aussi consensuelles que celles-ci :

« L’identité sexuelle est le fait de se sentir totalement homme ou femme. Cette identité dépend d’une part du genre conféré à la naissance, d’autre part du conditionnement social  »

« L’identité sexuelle se réfère au genre sous laquelle une personne est socialement reconnue »

« L’orientation sexuelle se révèle le plus souvent au moment de l’adolescence et elle relève totalement de l’intimité des personnes »

« Durant cette période de fragilité psychologique et affective (l’adolescence) il est souvent difficile de faire face à une orientation sexuelle différente de la norme hétérosexuelle »

La Droite populaire entre en scène

La polémique aurait pu passer l’été sans autre relais ni prolongation que ces pétitions en ligne si certains éléments de la « Droite populaire », collectif regroupant les parlementaires UMP les moins éloignés du Front national, n’avaient repéré un thème porteur.

La relance est d’abord venue de Jean-Paul Garraud. Ce député UMP de Gironde affirme le 20 juillet sur son blog et sur un ton de victoire que le ministre de l’éducation, Luc Chatel vient de lui « confirmer que cette théorie ne fait absolument pas partie du programme des lycéens ».

« J’appelle donc les directeurs d’établissements et les parents d’élèves, poursuit le député, à ne pas acheter les manuels qui ne respecteraient pas les directives ministérielles ».

Ces phrases déclenchent en retour un communiqué indigné de la fédération UNSA-Education contre cet « appel implicite à la censure ». La température remonte.

Une recherche effectuée sur les sites internet de l’Assemblée nationale et du Sénat par l’Agence éducation formation (AEF) montre ensuite que Jean-Paul Garraud n’était pas seul : au total, 14 parlementaires UMP (12 députés et 2 sénateurs) ont en juillet adressé à Luc Chatel des questions écrites sur ce thème.

« Surinterpréter » les programmes ?

L’AEF fait également état d’une « note argumentaire » envoyée le 20 juillet à tous les députés UMP par la conseillère parlementaire de Luc Chatel. Dans cette note, le ministère estime que « certains manuels scolaires semblent surinterpréter les programmes, notamment le manuel Bordas dont la directrice a publiquement reconnu que certains passages pouvaient être maladroits ».

Cela étant, l’essentiel de cette note est consacré à défendre les programmes de SVT, dont le ministère affirme qu’ils sont « conformes à l’état actuel des connaissances scientifiques en biologie » et qu’ils « prônent par ailleurs un respect de chacun, conformément aux valeurs de la République ».

Le ministère rappelle également qu’aujourd’hui « à l’ère de la démultiplication de l’accès aux sources d’information, notamment sous forme numérique, les manuels ne sont qu’un support parmi tant d’autres à disposition des enseignants ».

Des enseignants dont, poursuit le ministère, « le haut niveau d’expertise leur permet d’être à même de transmettre les messages en phase avec les programmes de l’Éducation nationale et les valeurs correspondantes ».

Les « vieux démons »

Comme beaucoup de polémiques ayant trait aux programmes scolaires, celle-ci tient de la tempête dans un verre d’eau : comme le rappellent, pour des raisons différentes, le député UMP de la Gironde et la fédération UNSA-Education, la mention «théorie du genre» n’apparaît même pas dans les textes officiels des programmes.

Ces textes affirment seulement à ce sujet que l’éducation à la sexualité doit être « l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée.»

En fait, ce ne sont pas tant les nouveaux programmes, ni les nouveaux manuels, qui sont visés par l’actuelle campagne. Ces documents servent surtout de prétexte à une certaine droite aujourd’hui décomplexée pour esquisser une remise en cause de tout le chemin parcouru depuis les années 1970 en matière d’éducation sexuelle.

C’est pourquoi je terminerai ce billet en saluant la pertinence de deux communiqués syndicaux. Celui du Snes-FSU qui, le 10 juin, estimait que « les esprits chagrins réactionnaires qui luttèrent et continuent de lutter contre la contraception et l’avortement, instrumentalisent aujourd’hui l’école pour médiatiser leur croisade contre l’homosexualité».

Et celui de l’UNSA-Education du 20 juillet : « Les appels répétés contre les programmes de sciences de première, les relais qu’ils trouvent dans la représentation nationale montrent hélas! que, comme lors de la création du PACS, ce qu’il faut appeler «les vieux démons de l’ordre moral» sévissent encore. »

Luc Cédelle

A suivre

P.S. Les Cahiers pédagogiques ont consacré leur numéro 487, de février 2011, aux « Filles et garçons à l’école ».

15 commentaires sur “Education sexuelle et théorie du genre (1) Polémique de mai ne s’éteint pas en été

  1. Cher Luc Cédelle,
    Vous écrivez : « Et les programmes scolaires, comme l’illustrait une autre polémique lancée l’été dernier sur l’enseignement de l’histoire, sont un immense gisement de controverses. »
    Bah oui, c’est justement cela le problème : à partir du moment où les programmes ne sont plus des programme, ils deviennent des gisements de controverses, bref du miel pour les mouches. On ne voit pas ce que l’homosexualité ou l’hétérosexualité ou la bisexualité ont à faire dans des programmes de sciences naturelles. Pas plus qu’on ne voit ce que la question de l’existence de Dieu a a à faire dans un programme d’astronomie. Le côté « positif » de cette introduction dans les programmes scolaires de questions qui n’ont rien à y faire, c’est que cela contribue aux bavardages tant prisés par les divers clans idéologiques qui ont en commun l’idée selon laquelle l’école ne doit surtout pas instruire.

    1. Cher Guy Morel,
      Cela me fait toujours de la peine de voir des gens cultivés, comme vous l’êtes, prendre à contre-emploi des positions à l’emporte-pièce qui leur donnent l’air de nier l’utilité de la culture. Car la sexualité et les questions « miel pour les mouches » que ce vaste sujet entraîne relèvent de la culture, ou alors celle-ci est totalement desséchée. Le fait que ce sujet soit intégré à un programme de sciences de la vie (de la vie, j’insiste – ou plutôt la dénomination insiste par elle-même) et de la Terre est un prolongement nécessaire et évident à l’apprentissage (l’instruction…) concernant les réalités physiologiques. Cela est destiné à instruire les lycéens (nous sommes bien au lycée, avec des élèves qui savent lire) sur le caractère non exclusivement physiologique des questions sexuelles et à leur permettre ainsi de faire le lien avec ce qu’ils apprennent en littérature, en histoire, plus tard en philosophie, etc. Quant aux rapports entre l’astronomie et l’existence ou l’inexistence d’un « grand dessein », pardonnez-moi mais j’ai la vague impression que quiconque se plonge dans la contemplation d’une nuit étoilée peut admettre qu’il s’agit là d’une immense interrogation de l’espèce humaine, donc de quelque chose qui mériterait d’accéder à la catégorie « culture » et non d’être ridiculisé par le terme de bavardage.

  2. Cher Luc Cédelle,

    Je suis peiné de la peine que je vous fais, mais n’en démords pas pour autant. Comme de bien entendu, vous m’opposez l’interdisciplinarité à laquelle prépareraient ces programmes, la culture dans laquelle on ne se baigne jamais assez, la « vie », qui ne se borne pas aux réalités biologiques, et l’immense interrogation devant le ciel étoilé sans laquelle l’espèce humaine ne serait pas ce qu’elle est. Ce sont là des considérations à ne jamais perdre de vue quand on enseigne. Pour autant, faut-il en faire la substance d’un programme scolaire de lycée ? c’est toute la question, et elle n’est pas si évidente à trancher que vous semblez le croire. Je lisais l’autre jour une intervention du sénateur Charasse qui se félicitait du fait que les leçons de morale dispensées dans l’école primaire de la IIIe République avaient préparé les sacrifices consentis par les jeunes sortis de cette école sur les champs de bataille de 1914-18. Je ne sais pas ce qu’aurait pensé Jaurès de ces propos enflammés s’il vivait encore. Ce que je sais en revanche, c’est que les programmes scolaires doivent éviter de se fourvoyer dans les questions d’actualité, la « culture » au sens vague du mot, c’est-à-dire l’information, et quelque « éducation à » que ce soit.
    À ce sujet, je trouve les réactions syndicales que vous citez révélatrices de l’incapacité – déjà ancienne – des organisations d’enseignants à penser les contenus de l’enseignement.

  3. Cher Luc Cédelle,

    Votre billet du jour montre comme des éléments droitiers s’ingénient à gauchir le débat, en faisant dire au texte ce qu’il ne dit pas et en assimilant la question – ouverte et conforme aux principes de lutte contre les discriminations – de l’orientation sexuelle à celle de la théorie du genre. Comme si le débat ne pouvait avoir lieu, était interdit à l’avance; comme, en d’autres temps, l’hypothèse de travailler sur la contraception ou la procréation assistée auraient été (ou ont été) condamnées.

    Disons les choses comme elles sont: l’Église catholique en tant qu’institution n’admet pas qu’un homme ou une femme soient autre chose que ce que leur état-civil indique.

    Elle a été rappelée par le pape Benoît XVI le 22 décembre 2008: «Ce qu’on exprime souvent et ce qu’on entend par le terme “gender”, se résout en définitive dans l’auto-émancipation de l’homme par rapport à la Création et au Créateur. L’homme veut se construire tout seul et décider toujours et exclusivement seul de ce qui le concerne. Mais de cette manière, il vit contre la vérité, il vit contre l’Esprit créateur.»

    La transcendance doit primer sur l’émancipation humaine. On sait les dégâts que cette attitude a faits au États-Unis, avec des groupes de pression non moins subtils (sur la dialectique) avec «le dessein intelligent».

    On voit aussi comment l’Enseignement privé catholique entend se situer dans les canons… de l’Église (même s’il y a lieu, heureusement, de ne pas généraliser comme on l’a vu pour le pass contraception).

    Notons aussi que ces programmes invitent à des approches multi- ou transdisciplinaires et que cette approche peut permettre aussi mieux faire accepter les différences. Ou c’est cela, ou on fait le choix de considérer qu’il y a des déterminismes biologiques supposés absolus, dont on ne saurait s’écarter, quelle qu’en soient les causes. Quoi qu’on dise alors, cela légitime les discriminations, voire les violences de ceux qu’on considèrera a-normaux.

    Dans ce débat, la question n’est pas celle du prosélytisme (vers quoi on veut nous entraîner parfois), ni celle d’une théorie qui peut considérer la question de l’orientation sexuelle comme exclusivement sociale (je n’entre pas dans ce débat). Elle est simplement celui d’une École qui doit former sans conformer, enseigner des éléments scientifiques en rappelant que les choix de l’être humain (libres ou induits pour des raisons biologiques, psychologiques ou sociales) relèvent ou peuvent relever d’autres logiques qui doivent être respectées — et non (au mieux) tolérées comme des exceptions regrettable (en priant fort bien sûr pour que les malheureux retrouvent le droit chemin: aux USA, on leur indiquerait volontiers la clinique dirigée par le mari de Michele Bachmann, égérie du Tea Party). Outrance de ce commentaire: relisons plus haut la condamnation papale de l’auto-émancipation de l’Homme par rapport à son créateur!

    Pour nous cantonner à l’Hexagone, on retrouve ici les mêmes que dans l’opposition au mariage gay (comme ils s’étaient opposés, et avec quelles outrances! au PACS), ceux pour lesquels il est toujours un sacrement… oublieux que la Révolution de 1789 l’a fait sortir du sacrement religieux irréversible vers ce contrat civil qu’il est toujours.

    De ce point de vue, le débat va bien au-delà d’un point très particulier du programme de sciences sur lequel d’aucuns se sont jetés plusieurs mois après son examen — sans problème — par le Conseil supérieur de l’éducation.

  4. Cher Monsieur Cédelle,
    Curieux communiqué que celui du SNES-FSU que vous citez.
    La contraception, l’avortement sont des réalités médicales, scientifiques qui ont permis une amélioration des conditions de santé et dont les lycéens doivent être avertis. Indiscutable!
    Mais en quoi l’homosexualité peut-elle être intégrée dans un programme de SVT? Est-ce une science, une technique? Relève-t-elle de la médecine? Est-ce une nouveauté culturelle? Puisque « l’orientation sexuelle relève de l’intimité des personnes », quel est l’intérêt de traiter cette question publiquement, collectivement, « scientifiquement »?
    Que l’on parle du respect dû à chacun ne suffit-il pas? Doit-on, en classe, cataloguer et détailler tous les choix identitaires, moraux ou culturels possibles? ( L’étude de la littérature n’y pourvoit-elle pas de manière plus subtile et moins « catégorique »?)
    Pas question de tendance droitière, en ce qui me concerne, ni de conservatisme religieux, simplement permettez-moi de confirmer d’après mon expérience d’enseignante que, de plus en plus, les « missions supplémentaires » de l’école ( sans parler des « actions « , des « journées de », des « semaines de »…) envahissent réellement le temps scolaire dans une proportion que beaucoup d’enseignants de terrain s’accordent à trouver exagérée.

  5. Sciences naturelles : anatomie et physiologie de la reproduction.
    Sociologie : les usages sociaux des relations aux autres,
    « Dois-je divulguer avec qui et dans quelle position
    je tombe dans le stupre et la fornication »,
    disait notre bon Brassens*.
    Parallèle :
    dans la leçon sur le tube digestif, y a-t-il des recettes de cuisine ? (hallal ?)

    * A quand la censure des Trompettes de la renommée pour homophobie ?

    1. Bien que fortement incommodé par les interdits alimentaires d’où qu’ils viennent, votre « (hallal?) » me semble particulièrement déplacé, mais ce doit être là de ma part l’effet d’une indécrottable bien-pensance et d’une lâche inaptitude à braver les « tabous », comme on dit chez les fiers amateurs d’apéro-saucisson.
      Par ailleurs, personne ne vous demande de divulguer quoi que ce soit, de même que personne ne le demande à aucun élève dans le cadre de l’actuelle éducation à la sexualité. Et il n’y a justement pas de censure! Ce sont les opposants à ce type d’enseignement qui, avec leurs grandes trompettes, réclament une censure.
      Le lien que vous faites entre leçon sur le tube digestif et recettes de cuisine n’est pas illogique, bien qu’il y manquerait les chaînons « connaissance de l’alimentation » et « diététique ». Cependant, vous connaissez la réponse à votre question: non, les « recettes de cuisine », sans être interdites dans le cadre scolaire, ne sont pas retenues par notre société comme une composante indispensable des programmes. Contrairement à l’éducation à la sexualité, qui s’affirme peu à peu depuis quatre décennies, malgré l’opposition des cléricaux.
      Au fond, connaissant un peu vos positions, je ne vous comprend pas : l’histoire que je vous raconte dans cette série de billets est celle d’un recul des églises et d’un succès de la laïcité… et vous semblez vous en désoler.
      LC

  6. Merci pour votre article qui pose les vraies questions idéologiques qui sous-tendent toujours en France les débats sur l’Ecole.
    Celle-ci ne se contente pas d’instruire, elle éduque aussi. Et c’est donc bien au nom de cette éducation qu’elle doit aider les adolescents à se poser les bonnes questions pour qu’ils puissent se construire plus sereinement.
    En France, jusqu’il y a peu, l’omerta était faite sur la question de l ‘homosexualité comme sur la question du suicide des adolescents, qui, à certains moments, peuvent malheureusement être concomitantes.
    Dans la construction de l’adolescent, la sexualité tient une place importante. Que les programmes de sciences apportent un autre éclairage, dénué de passions ( c’aurait dû être le cas !), rationnel sur la sexualité humaine ne peut que lui permettre d’apprendre à se connaître lui-même comme d’apprendre à connaître l’autre dans ce qui le meut ou l’inhibe. L’Ecole reste donc bien dans son domaine éducatif et instructif.
    Nous ne sommes plus en 1633 ! Nous sommes dans un état laïque un monde laïque qui, s’il connaît les limites de la sciences, en connaît aussi les vertus !

    1. Pauvres écoliers sur lesquels retombent les « débats idéologiques » que leurs parents n’ont pas pu ( pas su?) poser…
      « Omerta sur l’homosexualité »? ben, ça alors, je ne m’en étais pas rendu compte! Dans quel milieu scandaleux, libertin ou pervers ai-je dû évoluer pour en être avertie avant que les programmes scolaires ne s’en chargent!
      Un « éclairage rationnel sur la sexualité humaine »au niveau du lycée, alors là, j’en reste baba mais pas cool, non, de telles sottises me mettraient plutôt en colère.
      Allez les ados, ne vous en faites pas, le monde est sauvé: la sexualité humaine ne sera plus éclairée par la passion et vous réviserez vos cours de SVT en famille, attention cependant , vous risquez de vous attirer des ennuis si, lors de l’évaluation programmée, la compétence n’est pas acquise…

      1. 1) Cela vous étonne qu’il existe sur l’éducation des « débats idéologiques »? Et que ces débats se répercutent, entre autres, sur la question des programmes scolaires? Dans ce cas, vous n’avez pas fini d’être étonnée et de plaindre les « pauvres écoliers »…
        2) « Omerta sur l’homosexualité »? Le terme « omerta », utilisé dans le commentaire que vous raillez, est certes galvaudé, il est néanmoins possible de le prendre comme une exagération métaphorique. Par ailleurs, ce n’est pas sur l’existence de l’homosexualité que porte cette « omerta » (à part Ahmadinejad, qui a fait plier de rire un amphi américain en s’exclamant « ça n’existe pas chez nous », tout le monde sait en effet que « ça » existe) mais disons sur la problématique, les questions que cela pose, les connaissances qui s’y rattachent, etc. Il est donc tout à fait normal d’en « être avertie avant que les programmes scolaires ne s’en chargent », puisque le rôle de ces programmes n’est précisément pas d’en « avertir », mais d’ouvrir à quelques connaissances rationnelles tout en contrariant quelques préjugés barbares couramment répandus. Le fait que des connaissances rationnelles, dispensées dans un cadre scolaire, puissent venir contrarier des préjugés barbares vous pose-t-il un problème?
        3) Un « éclairage rationnel sur la sexualité humaine » ne signifie nullement, comme vous faites mine de le prendre, un « éclairage sur la rationnelle sexualité humaine « . Ni les auteurs du programme, ni toute l’éducation nationale réunie ne peuvent entamer d’un iota le fait indéniable que la sexualité humaine est comme vous le dites « éclairée par la passion ». Avanceriez-vous l’idée que « la passion », en ce domaine comme en d’autres, ne saurait faire l’objet d’aucun « éclairage rationnel »?
        4) Pardonnez-moi, mais se goberger sur la révision « en famille » et la « compétence acquise » me semble dangereusement proche de la très ancienne et grasse plaisanterie qui, dès l’origine de l’éducation sexuelle, posait la question des « travaux pratiques ».
        LC

  7. Tous ceux qui, comme moi, ont enseigné de longues années en classe de première ( technologique, par exemple), savent que les « préjugés barbares » ne se combattent pas en trois séances annuelles…mais qu’il s’agit d’un labeur de chaque instant.
    C’est pourquoi, parfois, il vaut mieux en rire qu’en pleurer. D’ailleurs je n’ai fait qu’appliquer le lexique de l’évaluation aux programmes nationaux, s’il y a « grasse plaisanterie », elle n’est pas de mon fait!
    Mais il m’avait semblé que le premier sujet du débat était les programmes de SVT et non pas ceux de philo,de socio ou de psycho, plus aptes à mon avis à traiter de « l’étude rationnelle de la passion humaine ».

    1. Un « labeur de chaque instant »? Oui, sans doute est-ce la bonne expression. Mais des séances peuvent venir scander, accentuer, enrichir, cristalliser ce « labeur de chaque instant ». Les séances comme celle que j’ai décrite s’intègrent dans un travail avant et après, sinon leur utilité s’en trouve réduite. Le sujet est bien le programme de SVT qui intègre une partie de l’éducation à la sexualité, laquelle ne saurait constituer une discipline scolaire à part entière.

  8. Expérience en situation …

    Signaler simplement qu’en 2003 ou 2004, j’ai eu l’occasion d’assister, laissant l’estrade à l’homme (en l’occurrence la femme) de l’art, à une longue séance d’information sexuelle en classe de troisième sur le thème du Sida avec présentation et mode d’emploi « mimé » de préservatifs masculins et féminins. Lycée Victor Duruy, Paris.
    Edifiant.
    Entre gêne et franche rigolade dans les rangs.
    Visiblement non-productif.
    Je n’ai pas eu le sentiment que la sexualité soit un terrain propice à la pédagogie de groupe.
    Il y a peut-être des progrès en vue?
    La projection de séquences vidéos progressives et bien conçues (?) m’avait à l’époque semblé être une voie possible plus respectueuse de l’intime de l’élève et par là peut-être (sans doute) plus efficace.

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